Aiemann Zahabi renverse Jose Aldo dans un violent combat
Aiemann Zahabi avait rêvé à ce moment depuis pratiquement toujours. Se battre devant les siens, au Centre Bell, et sortir vainqueur d'un combat où il aurait été transporté par la foule.
Il faut dire qu'il savait parfaitement à quoi s'attendre. Proche de Georges St-Pierre étant donné que son frère aîné Firas a été l'entraîneur de l'ancien champion des poids mi-moyens et moyens de l'UFC, le combattant québécois avait néanmoins un défi de taille devant lui.
En José Aldo, Zahabi retrouvait samedi soir à l'UFC 315 un athlète particulièrement aguerri, ex-champion des plumes et déjà membre du Temple de la renommée de l'UFC. Et en même temps un vétéran vraisemblablement usé, qui avait perdu deux de ses trois derniers duels.
Présent dans le coin de Zahabi, St-Pierre l'avait déjà prévenu de ne pas trop respecter son légendaire adversaire, une erreur qu'il avait lui-même commise lors de son ascension vers les plus hauts sommets. Un piège que Zahabi n'a jamais pu éviter, mais dont il s'est extirpé.
Après un début de combat effectivement plutôt ordinaire, le Montréalais s'est ressaisi en offrant notamment un troisième round d'anthologie pour l'emporter par décision unanime des juges (29-28, 29-28 et 29-28), un verdict qui a mené le Brésilien à annoncer sa retraite.
« Ç'a été un feeling incroyable. Ça valait un million de dollars, a lâché Zahabi en conférence de presse après son triomphe, son sixième consécutif. Georges m'avait dit que j'allais écrire une histoire incroyable ce soir et c'est exactement ce qui s'est produit. C'est incroyable! »
Ayant déjà fait l'énorme concession la veille de disputer le combat chez les plumes à une limite de 145 livres plutôt que chez les coqs à 135 livres, Zahabi a malheureusement paru éteint dans les trois ou quatre premières minutes de l'affrontement, laissant à Aldo le soin de contrôler entièrement le centre de l'octogone et lancer ponctuellement sa main arrière.
Le Québécois a cependant connu une excellente séquence dans la dernière minute du premier engagement, mais c'était visiblement trop peu, trop tard aux yeux des trois juges. Mais à la reprise, Zahabi s'est rué sur Aldo en lui assénant un coup de genou avant d'enchaîner avec un coup de pied et son adversaire est soudainement devenu hésitant.
« J'ai volontairement commencé le combat lentement, parce que je voulais savoir comment j'allais réagir après avoir reçu des coups en raison du changement de catégorie, a précisé Zahabi. D'habitude, j'adore lancer des coups tôt dans le combat, frapper très rapidement. »
En diversifiant ses attaques, Zahabi a gagné en confiance et a été en mesure de dicter le rythme. Cela dit, les coups de l'ancien champion ont semblé parfois plus incisifs, tandis que le favori de la foule a surfé sur la mince limite de la légalité en atteignant notamment Aldo sous la ceinture après un puissant coup de pied qui l'a obligé à demander une pause.
Il était donc devenu clair, net et précis que le troisième et dernier round serait décisif et Zahabi s'est toutefois retrouvé au sol et Aldo, flairant clairement le sang, est parvenu à frapper le Montréalais à la tête avec un solide coup de pied qui l'a fait bondir dans les airs.
Mais alors que Zahabi paraissait en danger, il a, contre toute attente, réussi à renverser la vapeur et à envoyer Aldo au plancher. Alors en position dominante, Zahabi a multiplié les coups de poing et les coups de coude, visiblement porté par la foule qui scandait son nom.
« L'une des choses que j'ai travaillées avec mon coach, c'est de parler de ce qui peut mal se passer pendant un combat. Si j'ai un problème, qu'est-ce que je fais?, a mentionné Zahabi. Ce que je fais, c'est que j'essaie de créer de l'espace et de prendre une bonne respiration.
« Je savais qu'Aldo amenait ses adversaires au sol en deux occasions : quand il est assuré de gagner ou quand il se retrouve en danger. Je savais exactement ce que je devais faire. »
Le supplice a duré environ trois minutes et le Brésilien a finalement été sauvé par la cloche, mais son crâne maculé de sang témoignait à lui seul des difficultés qu'il venait de vivre.
Les deux combattants se sont ensuite retrouvés sur les épaules de leur entraîneur en signe de triomphe, mais Zahabi et Aldo en ont profité pour se donner une ultime accolade, question de montrer au monde entier tout le respect qu'ils se portaient. Un grand moment.