Aston Martin et les autres écuries pensent déjà à 2026
Avec des performances en chute depuis deux ans, l'écurie Aston Martin commence peu à peu à se tourner vers la saison 2026, alors qu'un nouveau cycle de réglementation technique pourrait changer significativement la hiérarchie au sein du peloton.
À pareille date il y a deux ans, l'Espagnol Fernando Alonso signait un sixième podium en huit courses à l'occasion du Grand Prix de Formule 1 du Canada. Depuis, les performances de l'écurie ont tranquillement, mais résolument diminué.
Cette saison, l'équipe basée à Silverstone totalise 16 points, au neuvième rang des constructeurs, en vertu de quelques coups de chance sous la pluie et de bonnes décisions stratégiques. Elle peine à terminer au sein de top-10 à la régulière.
Le milliardaire canadien Lawrence Stroll se donne toutefois les moyens de ses ambitions: il a recruté l'éminent ingénieur Adrian Newey, qui a orchestré la conception de voitures titrées chez Williams, McLaren et Red Bull au fil des années.
Newey a d'ailleurs amorcé récemment son travail avec Aston Martin et a effectué une première apparition publique en vert à l'occasion du Grand Prix de Monaco. Une présence qui n'a pas manqué de remonter le moral des troupes.
« C'était cool de pouvoir lui parler un peu à propos de l'année prochaine, de ce qu'il pense d'où on est maintenant et de tout, a révélé le Québécois Lance Stroll. On a passé un peu de temps ensemble là, et j'étais à l'usine aussi cette semaine. Je l'ai vu encore, on a parlé encore plus de l'année prochaine, à propos de ce qui s'en vient.
« C'est une grosse opportunité pour toutes les équipes. À chaque changement de règlements, il y a eu [un changement dans la hiérarchie]. Je pense que l'année prochaine, c'est encore une autre opportunité. »
Chaque fois que des changements significatifs sont apportés au règlement technique, l'ordre dans le peloton a en effet été passablement chamboulé. L'introduction en 2014 du moteur hybride a lancé la domination sans partage de Mercedes, puis le retour à l'effet de sol en 2022 a propulsé Red Bull vers les sommets.
Cette fois, la nouvelle réglementation réduira légèrement la dimension et le poids des voitures et ajoutera un système aérodynamique actif, qui permettra d'ajuster les ailerons avant et arrière pendant la course.
Un nouveau bloc motopropulseur sera également introduit et misera sur un plus grand apport en énergie électrique. Les pilotes pourront par ailleurs utiliser de courtes poussées d'énergie supplémentaires lorsqu'ils seront à moins d'une seconde d'un adversaire.
Le Français Pierre Gasly, de l'écurie Alpine, a eu l'occasion de tester le nouveau règlement à bord du simulateur. S'il n'apprécie pas, pour l'instant, ce qu'il a vu, il avance sans équivoque que les voitures seront complètement différentes.
« Je pense que les choses vont quand même évoluer entre ce que j'ai essayé et ce que ce sera l'année prochaine. Mais en tout cas, ça va être un énorme changement en termes de vitesse, de pilotage, d'approche, de gestion d'énergie », a-t-il énuméré.
« Je pense très clairement que ça apporte une opportunité à chaque équipe et on pourrait voir une équipe qui est dans le peloton aujourd'hui se retrouver avec la meilleure voiture du plateau l'année prochaine, a ajouté Gasly. On part d'une feuille blanche, ça va être très clairement un gros changement. »
Si McLaren et Red Bull sont peut-être plus prudentes quant à une allocation plus généreuse des ressources sur le développement de la voiture 2026, les autres écuries ne se gênent plus.
« C'est le sujet sur la table pour toutes les équipes de décider quand on se tourne complètement sur 2026, a fait valoir le directeur de Ferrari, Frédéric Vasseur. Bien sûr, chaque jour dans la soufflerie, on fait peut-être 10 fois plus de progrès sur le projet 2026 que sur la voiture actuelle, mais c'est un choix difficile. »
Chez Aston Martin, Alonso, âgé de 43 ans, compte d'ailleurs énormément sur ce changement de règlement pour viser un troisième titre de champion du monde avant la retraite.
« Chaque fois que je parle avec Fernando de la voiture de cette année, il me fait un drôle de regard et me demande si l'on n'est pas en train de compromettre l'an prochain, a dit le directeur d'Aston Martin, Andy Cowell. Je dois le rassurer. »
Le défi sera décuplé pour certaines équipes qui procéderont également à un changement de motoriste. Aston Martin passera notamment de Mercedes à Honda, tandis qu'Audi prendra officiellement le contrôle de Sauber.
« Ça vient avec un gros programme de développement de transmission, d'hydraulique et de suspension arrière, ainsi que la collaboration avec Honda pour intégrer le groupe motopropulseur au châssis », a expliqué Cowell.