Un invité de renom qui passe inaperçu au camp des Alouettes
MONTRÉAL – Qui est cet entraîneur invité qui a donné un coup de main à Luc Brodeur-Jourdain? C'est plus facile de trouver la réponse avec cette photo. On était à une quinzaine de mètres quand on nous a posé la question, mardi, au camp d'entraînement des Alouettes de Montréal.
Scott Flory ? Non, impossible ! Je vous assure qu'on a eu besoin de quelques secondes pour y croire. Car sa transformation physique est spectaculaire. Ce pilier de la ligne offensive des Alouettes de 1999 à 2013 a perdu près de 70 livres.
Depuis 2017, Flory est l'entraîneur-chef des Huskies de la Saskatchewan au niveau universitaire. Il était donc de passage à Waterloo, en Ontario, pour le Défi Est-Ouest qui est une vitrine pour des espoirs professionnels.
Au lieu de rentrer à la maison, il est venu renouer avec ses amis des Alouettes incluant Brodeur-Jourdain et Anthony Calvillo.
On a voulu savoir si les joueurs des Alouettes étaient au courant de la carrière légendaire de leur entraîneur invité.
« Probablement que non, je suis vieux ! », a répondu Flory en riant.
Flory, qui est membre du Temple de la renommée du football canadien, était trop humble pour bien répondre à cette question. Brodeur-Jourdain était un meilleur candidat.
« C'est drôle que tu le demandes. Parce que, dans nos recherches pendant la saison morte, on a pigé quelques jeux qui viennent du passé, des jeux exécutés autour de 2009, 2010 et 2011. Sur les séquences vidéos à présenter aux joueurs, on a quelques extraits sur lesquels on voit Scott, Anthony Calvillo et moi en action », a raconté Brodeur-Jourdain.
« Ça leur permet de réaliser qu'on est avec les Alouettes depuis longtemps », a-t-il ajouté.
Brodeur-Jourdain avait un exemple à fournir. Lundi, il étudiait des aspects avec Tiger Shanks, le choix de première ronde, et Hunter Poncius qui tente sa chance avec Montréal. Pour les aider, il a présenté un jeu sur l'écran géant.
« Ils étaient comme ‘Mais, c'est vous?' Oui, c'est nous. Je leur ai dit, regardez le quart-arrière, c'est AC », a narré Brodeur-Jourdain.
« Quand les jeunes arrivent ici, ils n'ont pas nécessairement conscience l'histoire de l'organisation. Mais, éventuellement, ça se découvre. Parfois, c'est un joueur de défense qui remarque une photo dans le vestiaire, il me reconnaît et il réalise que j'ai gagné la coupe Grey comme joueur », a poursuivi l'entraîneur de la ligne offensive.
Avec toute son expertise, Flory pourrait diriger au niveau professionnel. Pour l'instant, il préfère les conditions du sport universitaire. Mais le plus beau dans l'histoire, c'est qu'il est arrivé à St-Jérôme avec l'attitude de celui qui vient apprendre et qui veut seulement donner un coup de main alors qu'il est un maître.
Son approche avec les joueurs, c'est de redonner au suivant comme Pierre Vercheval l'a fait avec lui.
« Quand je suis arrivé avec les Alouettes, je ne connaissais presque rien. Un vétéran comme Pierre Vercheval m'a pris sous son aile tout comme Uzooma Okeke et Neal Fort. On a conservé une continuité et on a pu transmettre nos connaissances. On voit une formule semblable avec PO (Pier-Olivier Lestage, Nick (Callender) et Justin (Lawrence) », a décrit Flory.
« Je refile de petits conseils comme Pierre le faisait. Je pense souvent à lui, il me prenait pendant quelques secondes et il me disait ‘Tu peux faire ceci ou cela. De cette manière ou celle-ci. Tourne ta main, dirige tes yeux de ce côté' », a enchaîné Flory avec reconnaissance.
Ce que l'on comprend, c'est que même s'il porte désormais le vert avec les Huskies, il demeure un membre des Alouettes dans son cœur.
« À distance, je suis resté attaché à cette organisation. Cette année, je pouvais venir donner un coup de main. C'est merveilleux de revenir et de passer du temps avec Luc, AC et Jason (Maas). Je peux constater la culture gagnante de cette organisation, j'essaie d'avoir la même chose avec mon équipe », a exprimé Flory.
Lorsque Flory s'est retiré, Brodeur-Jourdain était un jeune vétéran. Il savait déjà que LBJ pourrait faire la transition vers le poste d'entraîneur.
« Je me pose souvent cette question avec mes joueurs. Tu peux savoir lesquels vont devenir des entraîneurs. Ils ont une manière différente d'opérer, ils ont une grande compréhension et ils ont le souci d'aider les autres même si certains luttent avec eux pour leur poste. Ils sont passionnés et ils aiment enseigner. Je voyais ça chez Luc », a-t-il noté.
Contrairement à son apparence, la personnalité de Flory n'a nullement changé. Il est toujours aussi gentil. Quand on l'imagine comme entraîneur, on ne le voit pas imiter ses anciens grands entraîneurs Don Matthews et Marc Trestman. Flory s'est inspiré d'eux, mais en demeurant authentique.
Mardi, Flory a passé plus de quatre heures sur le terrain à donner un coup de main à Brodeur-Jourdain. Après, il s'est changé pour aller courir entre cinq à dix kilomètres dans le boisé du parc naturel du lac Jérôme.
« Pour le bien de ma carrière, je devais peser un certain poids (autour de 300 livres dans son cas). Avec des jeunes joueurs, c'est important d'être un mentor positif et ça leur démontre qu'il faut prendre soin de son physique. Je me sens nettement mieux », a conclu Flory qui a toujours été un bon exemple pour ceux qui l'entourent.