La solution s'appelle Sidney Crosby
MONTRÉAL - Si tous les partisans du Canadien comme les amateurs de hockey aux quatre coins de la LNH savent que le Tricolore a un gouffre à combler au centre du deuxième trio, l'état-major le sait aussi.
Et c'est de la façon dont Kent Hughes et son patron Jeff Gorton réussiront à combler ce gouffre qui permettra au Canadien de vraiment bâtir sur ce que l'équipe a accompli cette année. De prouver que l'accession aux séries était bien plus qu'un heureux concours de circonstances favorables. Que l'équipe sera à prendre au sérieux dès le début de la prochaine saison. Qu'à moins de blessures en cascade, elle sera non seulement des séries, mais aura des chances réelles de franchir la première ronde.
Jeff Gorton a prétendu lundi matin que l'amélioration du deuxième trio ne passait pas nécessairement par un joueur de centre.
On n'est pas obligé d'être d'accord avec lui. Car à moins de croire encore aux chances de Kirby Dach d'y arriver, le Canadien n'a pas de solution au sein de son organisation. À moins, bien sûr, d'être prêt à patienter trois ans jusqu'à l'arrivée de Michael Hage avec le grand club.
Il y a plusieurs solutions qui s'offrent au Canadien. Mais la solution parfaite a un nom et un seul : celui de Sidney Crosby.
Malgré le fait que Crosby aura 38 ans en début de saison prochaine, il est encore tout jeune, tout feu, tout flamme. Il l'a prouvé en se donnant corps et âme pour défendre les couleurs du Canada à la Confrontation des 4 nations. Il le prouve une fois de plus en se donnant le mandat d'aller aider son pays à gagner le Championnat du monde. Il le prouvera encore en assumant le rôle de capitaine l'hiver prochain, en Italie, lors des prochains Jeux olympiques.
Ah oui! Il l'a aussi prouvé en connaissant une saison de 91 points. Une vingtième saison consécutive avec une moyenne de plus d'un point récolté par match disputé.
Donner la lune pour le sortir de Pittsburgh
Sidney Crosby est un gagnant. Et il ne gagnera plus jamais à Pittsburgh où les Penguins amorcent une reconstruction qui durera plus longtemps que le nombre d'années qui le séparent de sa retraite et même de son intronisation au Temple de la renommée qui suivra trois ans après cette retraite.
Contrairement à Evgeni Malkin, Kristopher Letang et pis encore Erik Karlson, Crosby, malgré son âge et son contrat d'une valeur annuelle de 8,7 millions $ valide pour encore trois ans, pourrait permettre aux Penguins de recevoir la lune en retour de ses services.
Ils pourraient recevoir une jeune vedette établie dans la LNH, des espoirs de premier plan, des tas de choix de première ronde. Ils pourraient recevoir des actifs nécessaires pour aider Kyle Dubas à amorcer sa reconstruction de la bonne façon.
Des actifs que le Canadien peut offrir et qu'il ne devrait pas hésiter une seconde à offrir si Crosby était prêt à considérer quitter ses Penguins. Ce qui risque d'être le plus gros défi à relever dans cette équation.
Crosby répète depuis toujours qu'il est un Penguins depuis toujours et qu'il tient à le rester pour toujours. Comme son mentor Mario Lemieux.
Mais si le « Kid » devenu grand avait l'occasion d'aller gagner à nouveau et qui sait de graver son nom une quatrième fois sur la coupe Stanley, peut-être accepterait-il un nouveau défi.
Oui! Il pourrait relever ce défi au Colorado où il pourrait renouer avec son bon ami Nathan MacKinnon. Un défi qui de prime abord semble plus alléchant que celui de guider le Canadien vers la terre promise.
Mais le Canadien a quand même beaucoup à offrir avec son extraordinaire noyau de jeunes joueurs. Imaginez une seconde Crosby parrainer Nick Suzuki pour l'aider à se hisser au sein de l'élite des centres de la LNH. Imaginez-le offrir à Ivan Demidov, à Cole Caufield, à Juraj Slafkovsky, à tous les joueurs, jeunes ou vieux, qui évolueront à ses côtés des occasions de marquer à profusion. Imaginez-le se couvrir à nouveau de gloire cette fois au sein de l'organisation qui a déjà repêché son père Troy en 1984. Papa Crosby a été réclamé en 12e et dernière ronde. Et il n'a jamais menacé Patrick Roy repêché neuf rondes plus tôt. Il n'a pas même effectué un seul arrêt dans la LNH. Mais fiston Crosby a souvent indiqué que ce lien entre le Canadien et son père faisait du Tricolore un club plus intéressant que tous les autres.
Jeff Gorton et Kent Hughes ne prononceront jamais le nom de Sidney Crosby ou de quelque autre joueur susceptible de les aider à remplir le gouffre au centre du deuxième trio. Ils s'exposeraient à des sanctions très sévères de la LNH en se rendant coupables de maraudage.
Mais ça ne veut pas dire qu'ils ne songent pas aux moyens à prendre pour orchestrer un aussi grand coup. Un coup de maître.
Offres hostiles
S'il est permis de rêver à Sidney Crosby dans un uniforme du Canadien, il est aussi nécessaire de préparer des plans B, C, D et E au cas où ce rêve ne devait pas se réaliser.
D'autres transactions sont possibles. On l'a vu avec les Sénateurs d'Ottawa et les Sabres de Buffalo qui se sont échangé Dylan Cozens et Josh Norris.
Des centres comme Sam Bennett, John Tavares Matt Duchene, Brock Nelson et quelques autres pourraient représenter des solutions s'ils devaient être disponibles lors de l'ouverture du marché des joueurs autonomes. Des joueurs autonomes qui seront plus enclins à étudier sérieusement les offres éventuelles du Canadien après avoir vu le Tricolore accéder aux séries. Après avoir vu les succès obtenus par Martin St-Louis derrière le banc.
Mais aucun de ces candidats ne remplirait le gouffre au centre du deuxième trio comme le ferait Sidney Crosby.
La solution que j'adopterais, s'il était impossible de convaincre le 87 de venir terminer sa carrière à Montréal, passerait par une offre hostile.
Les hausses prévues du plafond salarial offriront l'espace nécessaire à une équipe qui a les moyens d'ériger un pont d'or pour attirer un joueur autonome avec restriction et s'assurer que son équipe refuse d'égaler l'offre de le faire.
Le Canadien a les moyens de le faire.
Et après avoir vu les Blues de St-Louis utiliser cette avenue impopulaire auprès des équipes au fil des dernières années, sortir Philip Broberg et Dylan Holloway d'Edmonton, l'été dernier, avec des offres hostiles, il est clair que d'autres directeurs généraux pourraient imiter Doug Armstrong.
«Une tendance en ce sens pourrait s'établir», a d'ailleurs convenu Jeff Gorton lors du bilan de lundi.
Ma cible de prédilection si j'étais directeur général du Canadien serait Mason McTavish. Il est encore tout jeune à 22 ans. Il a connu des progressions chaque saison depuis son arrivée dans la LNH. Il remplira le rôle de deuxième centre et sera en mesure d'aller à l'aile lorsque Michael Hage secondera Nick Suzuki.
Ça coûtera cher en argent et cher en choix au repêchage. Combien? Pour un salaire annuel moyen sous le plafond oscillant entre 6,8 millions $ et 9,2 millions, le Canadien devrait donner aux Ducks un choix de première, un choix de deuxième et un choix de troisième ronde au prochain repêchage.
Pour un contrant d'une valeur annuelle oscillant entre 9,2 millions $ et 11,45 millions $, la compensation est de 2 choix de première ronde et un de deuxième et de troisième ronde.
Pour un contrat d'une valeur annuelle dépassant les 11,45 millions $, la compensation est de quatre choix de première ronde.
Le Canadien avait offert 42,27 millions $ pour cinq ans à Sebastian Aho en 2019. Les Hurricanes avaient égalé cette offre.
Il faudrait sans doute être plus généreux avec McTavish pour éviter que les Ducks n'égalent l'offre, mais pas au point de dépasser le salaire annuel de Nick Suzuki.
Un privilège qui reviendra à Lane Hutson. L'autre dossier important que l'état-major du Canadien aura à régler au cours des prochains mois.
Les autres dossiers? Le retour de Patrik Laine en septembre, ceux de Josh Anderson, Christian Dvorak, Joel Armia ou Michael Pezzetta, les projections sur les entrées en scène de nouveaux joueurs – David Reinbacher, Logan Mailloux, Joshua Roy pour ne nommer qu'eux – dès l'an prochain devront être réglés un à un.
Mais pour l'instant, le Canadien devrait consacrer toutes ses énergies à trouver une manière de convaincre Sidney Crosby de quitter Pittsburgh et lui permettre de terminer sa reconstruction de brillante façon.