Le talent et le sérieux de Mateo Nobert charmeront des équipes de la LNH
MONTRÉAL – À 143 livres, quand il a été repêché dans la LHJMQ, Mateo Nobert partait de loin physiquement, mais sa fascinante vision du jeu a compensé durant sa saison recrue.
Brillant sur la glace et à l'école, Nobert n'a pas eu besoin qu'on lui fasse un dessin. Bien entouré, il a investi les efforts pour développer sa charpente.
« Il a pris son été au sérieux comme j'ai rarement vu », a d'ailleurs souligné Mathieu Turcotte, son entraîneur-chef avec l'Armada de Blainville-Boisbriand.
Un sérieux qui lui permet désormais de patiner à 170 livres, un monde de différence pour tenir son bout défensivement, mais également offensivement.
« Mes parents m'ont beaucoup aidé, ils m'ont appuyé. On a travaillé avec une nutritionniste. En gymnase, mon entraîneur s'appelle Tanner (Kichler) à Junxion Performance, je suis très reconnaissant de son travail. J'étais nouveau dans le groupe et il m'a accueilli les bras ouverts », a mentionné Nobert qui a dû engloutir des milliers de calories par jour.
Nobert est fier d'avoir déjà démontré qu'il peut progresser physiquement, il aura donc des arguments en poche lors des entrevues avec les équipes de la LNH en prévision du repêchage de cet été. Pour l'instant, son nom se promène du 40e au 90e rang selon les listes et précisons qu'il est l'un des plus jeunes de la cuvée 2025.
Quand son entraîneur reçoit des appels des recruteurs, il étale son impressionnante progression qui le mène à une récolte de 59 points (24 buts et 35 aides) en 52 matchs en 2024-2025.
« À sa saison recrue, quand il avait la rondelle, il était celui qui faisait les meilleurs jeux. Le problème, c'est qu'il n'avait pas la rondelle assez souvent parce que physiquement, il ne gagnait pas assez de batailles individuelles. Maintenant, même s'il est opposé à un adversaire plus imposant que lui, il est capable avec sa force et ses habiletés de lui soutirer la rondelle, il est tellement habile avec son bâton », a décrit Turcotte.
Sans que ce soit le seul objectif derrière la stratégie, l'Armada lui a trouvé une autre manière judicieuse de s'habituer aux rigueurs physiques du hockey.
Pour la première fois de sa vie, Nobert s'est retrouvé à patrouiller le devant du filet en avantage numérique. Il avoue en riant que c'est évident qu'il n'avait jamais joué là auparavant en raison de son physique et surtout de son immense talent de fabricant de jeux.
« Mais c'est bien pour mon développement, il y a plusieurs confrontations à gagner devant le filet. J'ai appris à me débrouiller. Même si c'était nouveau, je pense que j'ai beaucoup contribué, on a bâti un bon jeu de puissance, on occupe le premier rang au Canada (avec 32,4% d'efficacité) », a mentionné Nobert qui partage le sommet des buteurs en avantage numérique de son équipe avec Egor Goriunov.
En plus du prix à payer, Turcotte pointe que ce bagage dans le trafic l'a rendu « encore plus efficace à cinq contre cinq ».
Autant à l'entraînement que durant les matchs, Nobert a appris à encaisser des coups de bâton et il s'amuse à nommer Hugo Marcil, du Phoenix de Sherbrooke, parmi les plus « généreux » à ce chapitre.
« Comment a-t-il vu ce joueur libre ? »
« À 16 ans, il faisait déjà des jeux qui nous menaient, les entraîneurs, à se demander ‘Mais comment est-ce qu'il a vu ce joueur libre ?' », a raconté Turcotte.
Bien sûr, l'Armada n'avait pas repêché Nobert au troisième rang de la LHJMQ pour rien. N'empêche que lorsque des entraîneurs mettent la main sur un joueur de cette intelligence, ça devient emballant pour eux de repousser ses possibilités.
Turcotte évoque notamment sa capacité à ralentir le jeu pour le bénéfice de ses partenaires.
« De nos jours, tout le monde veut aller à 100 milles à l'heure et faire des jeux précipités, mais Mateo a la capacité d'attirer des adversaires pour qu'un coéquipier se démarque, ce sont des jeux de niveau élite », a décrit Turcotte.
On comprend donc parfaitement quand Nobert identifie Mitch Marner comme son joueur préféré ainsi que Jonathan Huberdeau et Derick Brassard parmi ses inspirations.
Quand on lui demande d'expliquer le secret de sa vision du jeu, il identifie les nombreux matchs regardés de la LNH. Nul doute, il est parvenu à en saisir des nuances qui demeurent floues pour bien d'autres hockeyeurs.
Sa compréhension l'aide également dans ses études alors qu'il a été nommé le joueur-étudiant du mois d'octobre dans la LHJMQ. Si le volet scolaire est une priorité pour lui et ses parents, il s'imagine jouer dans la LNH et son plan B serait d'agir comme entraîneur ou dépisteur.
« Mateo est un étudiant modèle, mais un joueur de hockey modèle, aussi. On en voudrait tous 25 comme lui pour sa façon d'agir et de se préparer », a conclu Turcotte.