Brad Marchand savoure sa revanche
EDMONTON - Passer proche, c'est bon aux fers et à la pétanque. Mais au hockey, surtout en finale de la coupe Stanley et que tu as perdu le premier match de la série, passer proche, ça ne vaut rien.
Rien du tout!
Les Panthers de la Floride ont flirté avec la victoire plusieurs fois vendredi soir à Edmonton.
Ils sont passés proche en temps réglementaire. À 17,8 secondes près pour être plus précis. Avec Stuart Skinner, rappelé au banc à la faveur d'un sixième patineur, le vieux, mais encore jeune, Corey Perry a marqué son huitième but des séries pour pousser le match en prolongation.
En passant, c'était seulement la sixième fois de l'histoire de la LNH que les deux premières rencontres d'une grande finale se décidaient au-delà les 60 minutes de temps réglementaire.
En première période de prolongation, Brad Marchand est passé proche de donner la victoire à son équipe une première fois alors que Stuart Skinner s'est étendu sur sa gauche pour réaliser un arrêt spectaculaire à ses dépens.
Marchand est passé proche une deuxième fois en glissant la rondelle sous le gardien des Oilers. En resserrant les jambes, Skinner aurait pu faire dévier la rondelle au fond du filet pour mettre un terme au match. Mais non! La rondelle a continué de glisser pour finalement frapper le poteau avant d'être dégagée par John Klingberg.
Un peu plus tard, ce fut au tour de Sam Reinhart de passer proche. Au terme d'une longue échappée, le franc-tireur des Panthers a raté la cible de peu. Mais il l'a raté quand même. Ce qui a poussé Paul Maurice à serrer les dents.
« J'étais déçu de perdre les devants en fin de troisième période. Mais, comme nos joueurs, je n'étais pas abattu. Je savais qu'on serait en mesure de rivaliser en prolongation. Mais après les chances ratées par Brad, après avoir vu Reinhart rater la cible alors que dans une situation semblable, il aurait normalement scellé l'issue du match, tu te mets à grogner à l'intérieur de toi en te disant qu'il ne faudrait pas trop gaspiller des occasions pareilles », que l'entraîneur-chef Paul Maurice a convenu après la victoire.
Car oui! Les Panthers ont finalement gagné, mettant ainsi fin à la séquence parfaite de quatre gains des Oilers en prolongation depuis le début des séries.
Et ironiquement, c'est tout juste après que les Oilers soient passés proche à leur tour – un arrêt spectaculaire de Sergeï Bobrovsky a privé Kasperi Kapanen d'un but gagnant – que Brad Marchand a profité d'une longue échappée pour marquer son deuxième du match. Il avait donné les devants (4-3) aux Panthers avec un but marqué encore en échappée alors que la Floride bénéficiait d'une attaque massive.
À quoi pensait Brad Marchand lors de ses deux échappées? «À ne pas perdre la rondelle. Ça parait très mal. Je le sais, car cela m'est déjà arrivé», que le nouveau venu chez les Panthers a raconté après la victoire.
En janvier 2020, à Philadelphie, Marchand, 5e joueur des Bruins envoyé en tir de barrage est passé par-dessus la rondelle au centre de la patinoire. Il devait marquer pour prolonger la «fusillade». Les Flyers l'avaient emporté 6-5.
En grande forme les petits vieux
Brad Marchand, malgré ses 37 ans, a donc marqué deux buts dans le match de vendredi. Les deux en échappée. Il est rendu à sept depuis le début des séries.
Ses 63 buts marqués en séries éliminatoires en carrière le placent au quatrième rang des joueurs actifs derrière Alexander Ovechkin (77), Sidney Crosby (71) et Evgeny Malkin (67).
Et qui suit Marchand au cinquième rang?
Le vieux Corey Perry qui assure être encore loin de la retraite.
Perry (neuf buts) est aussi tout juste derrière Marchand qui domine tous les joueurs actifs de la LNH avec 10 buts marqués en finale de la coupe Stanley depuis le début de sa carrière.
Et ce n'est pas tout : Marchand et Perry partagent aussi – avec plusieurs autres joueurs – le troisième rang pour le nombre de buts marqués en prolongation, en séries éliminatoires, en carrière. Joe Sakic domine cette liste avec huit, suivi de Maurice Richard avec six.
Dans une ligue où toutes les équipes misent gros sur la jeunesse, Marchand et Perry sauvent l'honneur des petits vieux.
« On dirait que plus la situation est corsée, plus il trouve le moyen de se mettre en valeur. C'est une boule d'énergie. Après chaque période, il s'en va sur le vélo stationnaire. Ce n'est pas comme s'il ne jouait pas assez », ont commenté Matthew Tkachuk et Evan Rodrigues.
Entraîneur-chef des Panthers de la Floride, Paul Maurice a défilé une série de facteurs pouvant expliquer pourquoi, à un âge aussi vénérable dans les paramètres de la LNH, Marchand et Perry sont en mesure de s'imposer comme ils le font.
« Ces gars-là ont été repêchés au début des années 2000 – 2003 pour Perry, 2006 pour Marchand – alors qu'il y a eu un sérieux coup de barre donné à la science sur sport. Les entraînements sont devenus plus sérieux, plus efficaces. La nutrition est devenue importante. Les gars ont commencé à faire attention à eux. Sur la patinoire, les changements de règlements, en 2006, ont ouvert la porte à de plus petits joueurs. L'aspect physique est moins important qu'avant. En plus, les propriétaires d'équipe soignent leurs joueurs. Ils payent des sommes colossales pour leur permettre de voyager en vols nolisés, ils offrent des services de nutrition et ses soins thérapeutiques de haut niveau. Mais ils s'imposent aussi en raison de leur expérience. Dans bien des domaines, les vertus de l'expérience sont exagérées à mes yeux. Mais en matière de hockey des séries éliminatoires, l'expérience a une grande importance », a assuré Paul Maurice.
La magie de McDavid
Les deux buts de Brad Marchand et la victoire des Bruins qui nivellent la série finale, ont mis de côté de spectacle sensationnel offert par les deux équipes lors de la première période.
Un premier tiers au cours duquel les deux équipes ont échangé cinq buts, échangé des tas d'occasions de marquer et de mises en échec sans oublier des avantages numériques.
En 20 minutes de jeu, les Oilers et les Panthers ont offert plus d'action que bien des clubs de la LNH en offrent en 60 minutes.
De tous les jeux de qualité et de grande qualité orchestrés par les joueurs des deux équipes en première, la poussée de Connor McDavid qui a mis la table au 10e but des séries – troisième de la finale – de Leon Draisaitl mérite une place dans les plus beaux jeux de l'année.
Malgré une vitesse vertigineuse qui lui a permis de se faufiler entre quatre rivaux des Panthers pour finalement s'installer en zone ennemie, McDavid a été en mesure de servir une passe parfaite – oui! Une autre… – à Leon Draisaitl qui a eu la tâche facile parce que Sergeï Bobrovsky ne pouvait rien faire pour effectuer l'arrêt.
McDavid a été rien de moins que magique sur cette séquence qu'il faut voir au ralenti pour arriver à la savourer pleinement.
Parlant des gardiens, Paul Maurice a soutenu qu'ils ne recevaient pas le mérite qui leur reviendrait pourtant de plein droit.
« Ils sont fantastiques tous les deux. Le match se termine 5-4 et on ne peut rien leur reprocher tant ils ont gardé leur équipe dans le match. Ils ont tous les deux réalisé plusieurs arrêts exceptionnels. Je suis très satisfait du travail défensif que nous avons effectué ce soir. Le match aurait pu se terminer 8-7 que j'aurais sans doute été aussi satisfait. Ça démontre la très grande qualité des joueurs offensifs de deux camps », a avancé Paul Maurice.
Les Oilers pourraient être en avant 2-0 dans la série finale. Tout comme les Panthers est-il besoin de le spécifier.
Le fait que les deux clubs revendiquent chacun une victoire est un juste retour des choses considérant l'équilibre des deux formations.
C'est aussi une bénédiction pour les amateurs. Car cette série, enlevante au possible, qui se déroule à vitesse grand V, qui offre beaucoup de robustesse, mais plus encore de très belles poussées offensives et tout autant de replis défensifs de grande qualité, s'étendra au moins à cinq matchs. C'est ça de gagné. Mais tout amateur de hockey prie qu'elle se rende à la limite des sept parties tant le spectacle est relevé, tant l'intensité est élevée.
Les Oilers et les Panthers nous offrent du grand hockey. Une grande finale de la coupe Stanley. Une finale qui met maintenant le cap sur le sud de la Floride où les deux équipes se croiseront lundi et jeudi pour les matchs trois et quatre.