Le moment de l'année où l'expérience doit être payante
MONTRÉAL – Au repêchage 2024 de la LPHF, moins d'un mois après leur exclusion cruelle des séries éliminatoires, les dirigeants de la Victoire de Montréal ont axé leurs décisions vers un objectif précis : maximiser leurs chances qu'un tel scénario ne se reproduise pas.
Dans les deux premières rondes, ils ont sélectionné la défenseuse Cayla Barnes et l'attaquante Jennifer Gardiner. Les deux venaient de remporter le championnat de la NCAA avec les Buckeyes d'Ohio State. Au troisième tour, ils ont ajouté l'attaquante Abby Boreen, tout juste couronnée championne de la Coupe Walter au Minnesota.
Avant le camp d'entraînement, une invitation a été présentée à l'attaquante de profondeur Clair DeGeorge. Sa mise sous contrat quelques semaines plus tard a confirmé l'ajout d'une autre joueuse avec l'expérience des grandes occasions dans le vestiaire montréalais.
Près d'un an plus tard, la Victoire espère récolter les fruits de ces acquisitions calculées.
« C'est énorme », a répondu la vétérane Erin Ambrose mercredi lorsqu'on l'a questionnée sur la valeur de la présence, à cette période de l'année bien particulière, de ces coéquipières qui ont déjà porté un trophée à bout de bras.
« Chaque fois que vous avez des joueuses qui savent comment gagner, c'est précieux parce que c'est quelque chose qui ne s'enseigne pas. Est-ce que ça fait foi de tout? Non. Il y a évidemment un paquet de joueuses qui ont gagné la Coupe Walter pour la première fois l'an dernier. Mais une fille avec l'expérience d'un championnat, ça donne un appui solide à quelqu'un qui pourrait en avoir besoin. »
« Les grandes joueuses répondent à l'appel dans les grands moments et heureusement pour nous, on en a quelques-unes sous la main, s'enthousiasmait l'entraîneuse Kori Cheverie avec une pensée, on le devine, pour les Poulin, Stacey et autre Desbiens qui sont à ses côtés depuis le début. Quand la pression monte, tu veux pouvoir compter sur des joueuses qui sont passées par là, qui peuvent la gérer, qui savent ce qu'il y a à faire et qui embarquent dans le plan collectif sans se soucier de leurs succès individuels. Je crois qu'on a ça. »
Barnes, qui a aussi une médaille d'or olympique et trois médailles d'or au championnat du monde dans sa collection, vient de conclure une étincelante saison recrue. Elle s'est classée au septième rang des défenseuses du circuit avec une production de 13 points. Elle a été l'arrière la plus utilisée chez la Victoire. Sa constance et sa fiabilité ont permis à Cheverie d'alléger la charge de travail d'Ambrose, surutilisée la saison dernière.
« On ne lui demandera rien de plus que ce qu'elle nous donne déjà, prévoit Cheverie. C'est une joueuse qui est capable de ralentir ou d'accélérer le jeu, dépendamment de nos besoins. Elle a joué un gros rôle en avantage numérique et a affronté les meilleurs trios adverses. On sait qu'elle va continuer d'offrir le même effort en séries. Elle répond présent quand ça compte, c'est une gagnante et elle se comporte comme tel. C'est ce qu'on aime d'elle. »
De toutes les attaquantes que Cheverie a tenté de jumeler à Poulin et Stacey sur le premier trio, Gardiner est celle qui a le mieux su s'acquitter de la tâche. La Britanno-Colombienne de 23 ans, qui a aussi remporté le championnat de la NCAA en 2022, a été la deuxième meilleure pointeuse parmi les recrues de la LPHF derrière le phénomène Sarah Fillier. Elle a été l'une des joueuses les plus constantes de la Victoire : sa plus longue séquence de matchs sans point s'est arrêtée à quatre et elle a été créditée d'un tir au but dans 28 des 30 rencontres de l'équipe.
Boreen a ralenti après un début de saison fracassant. Elle reste sans but à ses quinze derniers matchs et affiche un différentiel de -13 durant cette période. Elle a tout de même terminé la saison avec 14 points, la quatrième meilleure récolte dans le camp montréalais. L'année dernière, elle avait récolté une mention d'aide en cinq matchs de séries au Minnesota.
DeGeorge a quant à elle conclu sa première saison à Montréal avec deux mentions d'aides en 26 parties.
L'une de ces joueuses marquera-t-elle le but ou gagnera-t-elle la mise en jeu qui fera la différence en séries? C'est avec cette possibilité en tête qu'elles ont été attirées à Montréal.
De l'huile sur le feu
Tereza Vanišová a donné à ses anciennes coéquipières une citation à accrocher au mur du vestiaire en amont du premier match de la série entre la Victoire et la Charge d'Ottawa.
En entrevue au Ottawa Citizen, l'attaquante tchèque s'est fait demander quel était le secret pour vaincre Montréal. Sa réponse « battre leur premier trio ». Elle a plus tard développé sa pensée en arguant que la Charge avait plus de profondeur que les championnes de la saison régulière.
« On sait qu'Ottawa ne nous ménagera pas, a réagi Gardiner en bonne politicienne. Elles frappent fort, elles sont physiques, elles sont rapides et elles travaillent fort. Mais quand je regarde notre effectif, je trouve qu'on a une profondeur incroyable. On a profité du retour d'Alexandra Labelle dans les derniers matchs, Catherine Dubois s'est abonnée à la feuille de pointage et nos défenseuses ont aussi contribué à l'attaque. »
« Tout le monde a droit à son opinion, a rétorqué Cheverie. Nos quatre lignes peuvent contribuer de différentes façons. Notre premier trio peut nous aider défensivement tandis que nos autres trios et nos défenseuses peuvent faire leur part en attaque. Ça ne m'inquiète pas trop. »