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RÉSULTATS

Les erreurs payantes d'Anna Wilgren

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MONTRÉAL – Au début de la saison, une compétition se dessinait entre Anna Wilgren et Anna Kjellbin pour le poste de sixième défenseuse de la Victoire de Montréal.

Wilgren, une recrue de 25 ans issue des rangs universitaires américains, a commencé dans l'ombre de Kjellbin, une vétérane de 31 ans capitaine de l'équipe nationale suédoise. À ses trois premiers matchs chez les professionnelles, elle a peiné à s'approcher de la marque des dix minutes de temps d'utilisation.

Cinq mois plus tard, à quelques jours de la conclusion de la saison régulière, on est ailleurs. Kjellbin ne fait plus partie de l'organisation. Elle a été échangée à Toronto à la date limite des transactions après avoir vu son utilisation chuter drastiquement. Wilgren revient quant à elle du Championnat du monde, où elle a remporté l'or au sein de la puissante équipe américaine.

Wilgren a joué plus de 18 minutes dans dix des 14 matchs de la Victoire en deuxième moitié de saison. Ses 487 minutes de jeu la placent au troisième rang de la LPHF chez les défenseuses recrues et ses neuf points au deuxième rang derrière sa coéquipière Cayla Barnes. Son différentiel de +6 lui vaut le sixième rang parmi les défenseuses du circuit.

Sans faire trop de bruit, le 29e choix du repêchage 2024 de la LPHF sort du lot comme l'une des plus belles prises de cet encan.

« On savait ce qu'elle allait nous apporter, avance l'entraîneuse-chef Kori Cheverie, selon qui Wilgren était une "priorité" pour la victoire au repêchage. On avait fait nos devoirs, on avait parlé à ses anciens entraîneurs. On savait qu'elle serait capable de contribuer de manière importante à nos succès. Mais je ne sais pas, je pense qu'elle a été encore meilleure que ce à quoi on s'attendait. »

Rencontrée la semaine dernière, à son retour de la trêve internationale, Wilgren est revenue avec humilité sur l'impressionnante courbe de progression qui raconte l'histoire de sa saison. Elle a rougi lorsqu'on lui a suggéré que sa sélection par Montréal était l'un des vols du repêchage.

« Je suis chanceuse, les choses ont bien tourné pour moi. Maintenant que j'y pense, peut-être que [mon rang de sélection] m'a donné un peu de motivation par moments. Je n'en faisais pas une obsession, mais ça m'a poussé à vouloir prouver quelque chose aux yeux de ceux qui ne croyaient pas en moi. J'ai vécu un peu la même chose dans la NCAA quand j'ai transféré de Minnesota State à Wisconsin. Il avait fallu que je fasse mes preuves. Je suis habituée de me voir en quelque sorte comme une négligée. »

Wilgren admet s'être sentie légèrement intimidée lorsqu'elle est arrivée à Montréal l'automne dernier pour son premier camp d'entraînement professionnel. Là, il y avait Erin Ambrose, la défenseuse par excellence en titre de la LPHF. Juste à côté, Barnes, un choix de première ronde qui avait déjà, malgré son jeune âge, une longue feuille de route en équipe nationale. Tout autour, un groupe de filles qui avaient l'avantage d'avoir déjà vécu les rigueurs d'une saison chez les pros.

« Mes attentes n'étaient pas élevées. Je souhaitais simplement gagner une place au sein de l'effectif », dit-elle avec le recul. À force de bien travailler, ses doutes se sont transformés en ce qui s'approche le plus à des certitudes dans un monde où les lendemains n'apportent que très peu de garanties.

« Peut-être que j'ai eu des doutes au début, mais assez rapidement, j'ai été capable de mettre les choses en perspective. J'ai pris les occasions qui se sont présentées à moi en me disant qu'éventuellement, on verrait de quoi j'étais capable. Ça ne me dérangeait pas de commencer en bas de l'échelle. Dans ma tête, le travail finirait par rapporter. »

Cheverie a appris à connaître une joueuse courageuse et entreprenante qui ne se laisse pas déstabiliser par la crainte de faire des erreurs. C'est en montrant ce visage que Wilgren lui a forcé la main.

« Je crois que c'est comme ça qu'une joueuse arrive à s'améliorer. Mon staff et moi, on préfère avoir des joueuses agressives qui vont faire des erreurs que des joueuses hésitantes qui vont faire les mêmes erreurs de toute façon. Le cheminement d'Anna s'est fait en accéléré justement en raison de sa capacité à faire fi du risque et à vivre avec ses erreurs tout en en soutirant les leçons nécessaires. »

La saison tire à sa fin, mais elle continue d'être riche en apprentissage pour la jeune Américaine. En l'absence de Kati Tabin, suspendue, elle a commencé le match de samedi dernier au sein de la première paire de défense aux côtés d'Ambrose. C'était une promotion à deux tranchants puisqu'elle impliquait qu'elle allait être exposée aux meilleures joueuses adverses. Elle a marqué un but, mais s'est retrouvée sur la glace pour les trois buts de la Charge d'Ottawa dans une défaite de 3-2.

Lundi soir, alors que la nom d'Ambrose s'était ajouté à celui de Tabin sur la liste des absentes, Wilgren a obtenu plus de 26 minutes de jeu, un sommet en carrière. Elle était sur la glace pour le but égalisateur du Fleet de Boston, en toute fin de troisième période, dans une victoire de 3-2 de la Victoire en prolongation.

Le simple fait qu'elle ait été identifiée par Cheverie comme une solution à ce temporaire manque de main d'œuvre en dit long sur le chemin qu'elle a parcouru et sur ce que la Victoire a entre les mains pour les saisons à venir.

« J'ai commencé l'année avec des matchs où je jouais huit minutes et aujourd'hui je suis une joueuse en qui on fait confiance dans des moments importants. C'est pas mal cool », reconnaît Wilgren.

OSZAR »