Passer au contenu principal

Procès ÉCJ : la défense tente de discréditer la victime

Alex Formenton, Cal Foote, Michael McLeod, Dillon Dube et Carter Hart Alex Formenton, Cal Foote, Michael McLeod, Dillon Dube et Carter Hart - PC
Publié
Mise à jour

Les avocats de la défense de l'un des cinq joueurs de hockey accusés d'agression sexuelle ont suggéré que c'est la plaignante qui a évoqué l'idée d'inviter d'autres joueurs dans une chambre d'hôtel en juin 2018 pour passer une « folle soirée » (« wild night »).

David Humphrey, qui représente Michael McLeod, a suggéré mardi, lors du contre-interrogatoire, que la femme souhaitait prolonger la soirée après avoir eu une relation sexuelle avec McLeod et avait évoqué la possibilité d'inviter certains de ses amis dans la chambre «pour s'amuser».

La femme, aujourd'hui âgée de 27 ans, a répondu qu'elle ne se souvenait pas d'avoir dit cela ni d'avoir eu une conversation avec McLeod à ce moment-là, ajoutant que cela ne ressemblait pas à ce qu'elle dirait.

La femme, dont l'identité est interdite de publication, a raconté la veille au tribunal qu'elle était nue, surprise et effrayée lorsque des hommes ont commencé à entrer dans la chambre. 

McLeod, Carter Hart, Alex Formenton, Dillon Dube et Callan Foote ont tous plaidé non coupables d'agression sexuelle. McLeod a également plaidé non coupable à une accusation supplémentaire de participation à l'infraction d'agression sexuelle.

Le tribunal a entendu que les cinq accusés et plusieurs de leurs coéquipiers étaient à London, en Ontario, pendant quelques jours en juin 2018 pour assister à des événements soulignant leur victoire au championnat junior.

ATTENTION : Les paragraphes suivants contiennent du contenu explicite que certains lecteurs pourraient trouver dérangeant.

Me Humphrey a suggéré mardi que la femme «flirtait» avec certains des hommes entrés dans la pièce après sa relation sexuelle avec McLeod. À un moment donné, elle leur a demandé si quelqu'un accepterait d'avoir des relations sexuelles avec elle, a-t-il avancé.

« Vous souvenez-vous avoir dit quelque chose comme : "Allez, vous avez une fille ici, que quelqu'un couche avec moi. Vous êtes des tapettes." Vous vous souvenez avoir dit quelque chose comme ça? », a demandé Me Humphrey.

« Je ne m'en souviens pas, ça ne ressemble même pas à ma façon habituelle de parler », a répondu la femme.

Elle se souvenait que certains hommes l'avaient traitée de « folle » et avaient ajouté qu'étant donné son état d'ébriété, il était possible qu'elle ait dit quelque chose de ce genre, mais qu'elle n'en avait aucun souvenir.

McLeod, Hart et Dube sont accusés d'avoir obtenu une fellation de la femme sans son consentement. Dube est également accusé de lui avoir giflé les fesses alors qu'elle était en train d'avoir des rapports sexuels avec quelqu'un d'autre.

Formenton aurait eu des rapports vaginaux avec la plaignante sans son consentement dans les toilettes. Foote aurait fait le grand écart sur son visage et y aurait frotté ses parties génitales sans son consentement.

La Couronne allègue que McLeod l'a également pénétrée vaginalement sans son consentement en fin de soirée.

Les procureurs allèguent que les joueurs ont fait ce qu'ils voulaient à la plaignante sans prendre de mesures pour s'assurer de son consentement à ces actes sexuels.

Lors d'un autre contre-interrogatoire mardi, Me Humphrey a suggéré que McLeod avait vérifié auprès de la femme à plusieurs reprises tout au long de la soirée qu'elle acceptait ce qui se passait.

La femme a déclaré se souvenir qu'il lui avait posé plusieurs questions vers la fin de la soirée, notamment au moment où il l'avait filmée avec son téléphone portable, affirmant que tout était « consensuel ». Il se pourrait que cela se soit produit plus souvent, a-t-elle ajouté, mais elle ne se souvenait pas qu'il lui ait posé la question « constamment tout au long de la soirée ».

La femme a confirmé qu'elle avait dit qu'elle allait bien lorsqu'il l'a demandée. « Qu'étais-je censée dire d'autre à ce moment-là ? a-t-elle demandé. J'étais déjà en train de pleurer, j'avais déjà essayé de partir. Ça n'a pas marché. »

Me Humphrey a suggéré que la femme avait eu plusieurs occasions de partir ce soir-là et que personne ne l'en avait empêchée physiquement.

La femme a reconnu que personne ne l'avait empêchée physiquement, mais a dit qu'elle se sentait incapable de partir.

L'avocat de la défense a également insisté auprès de la femme sur la façon dont elle avait décrit certains éléments de cette nuit-là dans ses déclarations à la police en 2018.

Il a noté qu'elle n'avait pas mentionné avoir ressenti de la peur ou de l'intimidation avant 2022, lorsqu'elle a déposé une déclaration dans une poursuite civile contre Hockey Canada et huit joueurs non identifiés.

La femme a dit qu'elle n'avait pas eu le temps de gérer ses émotions avant de parler à la police, ajoutant qu'il lui avait fallu beaucoup de temps pour accepter ce qu'elle avait vécu.

Retour sur la soirée au bar

Le tribunal a appris que la plaignante avait rencontré McLeod dans un bar du centre-ville où certains joueurs s'étaient rendus après une cérémonie de remise des bagues et un gala le 18 juin.

La plaignante était présente avec des collègues et a déclaré au tribunal avoir consommé au moins huit shooters et deux autres boissons au bar, ainsi que deux « coolers » à la maison.

McLeod et elle se sont embrassés à quelques reprises au bar et ont fini par se rendre ensemble à l'hôtel Delta, où il séjournait avec ses coéquipiers, a-t-elle ajouté. La femme a déclaré qu'elle n'avait aucun problème à aller à l'hôtel avec McLeod, mais qu'elle ne l'aurait pas fait si elle avait été sobre.

Me Humphrey a montré mardi une vidéo de la piste de danse où la main gauche de la plaignante est posée sur l'entrejambe de McLeod. Elle a reconnu que McLeod ne l'avait pas forcée à faire cela, mais a répété qu'il y avait eu des moments plus tôt dans la soirée où le groupe «me faisait sentir leurs entrejambes».

La défense a également suggéré que la femme semblait « stable » lorsqu'elle a quitté le bar avec McLeod et lorsqu'ils sont entrés ensemble à l'hôtel, deux scènes filmées par une caméra de sécurité.

La femme a indiqué que, même si elle ne semblait pas instable, cela ne reflétait pas son état mental, ajoutant qu'il lui avait probablement fallu beaucoup d'efforts pour garder l'équilibre.

La première relation sexuelle de la plaignante avec McLeod, seule dans la chambre d'hôtel, ne fait pas partie du procès. Les jurés n'ont entendu que les accusations portant sur ce qui se serait passé dans la chambre après l'arrivée des autres.

Les avocats des autres parties auront également la possibilité de contre-interroger la plaignante, qui comparaît par vidéoconférence depuis une autre salle du palais de justice.

OSZAR »