Adam Engström : un nouveau surnom et une réputation grandissante
LAVAL – Adam Engström commence à avoir l'habitude des longs et beaux printemps.
Il y a un an, le jeune défenseur avait fait partie de l'improbable odyssée du Rögle BK, une équipe de fond de classement en première division suédoise qui, une fois en séries, avait balayé les deux meilleures équipes du championnat avant de plier l'échine en grande finale.
Le contexte est différent cette année. En terminant au premier rang du classement général en saison régulière, le Rocket s'est un peu disqualifié pour le titre de négligé tout au long de son parcours éliminatoire. Mais on parle quand même d'une jeune équipe qui accomplit des choses qu'on ne lui prédisait pas du tout à l'automne.
Et Engström, dans l'ombre des espoirs plus médiatisés comme David Reinbacher et Logan Mailloux, utilise présentement cette plateforme pour exhiber l'étendue de sa progression et de son talent.
« Il a été bon toute l'année, témoigne son coéquipier, compatriote, partenaire de golf et ami Gustav Lindström. Mais depuis février ou mars, je dirais, il y a un petit quelque chose d'extra dans son jeu. »
La recrue de 21 ans a été particulièrement solide dans les trois matchs que le Rocket a disputés à la maison contre les Americans de Rochester la semaine dernière, une séquence au cours de laquelle les défenseurs Tyler Wotherspoon et William Trudeau sont tombés au combat. Dans son territoire, il a fait preuve d'un sang-froid remarquable pour faire avorter des jeux avec son bâton ou encore gérer l'échec avant et relancer l'attaque.
En possession de rondelle, son coup de patin lui permet de fluidifier la circulation entre les deux lignes bleues et d'aider son équipe à s'installer en zone adverse.
« C'est l'une de ses plus grandes forces, observe Lindström. Tout ce qu'il fait découle de son coup de patin. Devant n'importe quel problème, il a une solution parce qu'il est si vif, rapide et imprévisible. Même sous pression, il trouve toujours une porte de sortie. »
L'hiver dernier, RDS avait payé une visite à Engström au domicile du Rögle BK, en Suède. Là-bas, Max Bohlin, l'un de ses entraîneurs, nous avait appris que l'espoir du Canadien était surnommé « Showtime » par quelques coéquipiers. De nature plutôt stoïque, Engström se retient pour ne pas pouffer de rire quand on lui raconte cette histoire.
« Ce surnom, ça me fait rire, nous dit le jeune homme quand on le questionne sur sa réaction. C'est en jouant au soccer qu'on me l'a donné. Un gars trouvait que je mettais un peu trop de moutarde en dribblant avec le ballon! »
Bohlin, à l'époque, avait révélé ce sobriquet dans le but d'exprimer ce qu'il considérait être la clé du succès dans la route de son élève vers les niveaux supérieurs. Engström pouvait se permettre d'être « Showtime » sur la patinoire, mais à petites doses et en choisissant bien ses moments.
Un peu plus d'un an plus tard, le jeune homme croit avoir bien retenu cette importante leçon.
« Bien sûr, la défense est la facette la plus importante de mon travail ici. Il faut stabiliser cet aspect et en maîtriser toutes les subtilités parce que c'est ce qui donne accès à la LNH. Mais je voudrai toujours faire des jeux avec la rondelle. Je crois que j'ai trouvé un bon équilibre avec ça. »
« Je ne crois pas l'avoir vu faire de terribles erreurs à son arrivée, mais effectivement, j'ai l'impression qu'il s'est amélioré de ce côté-là, approuve Lindström. C'est tellement plaisant de le voir aller. J'aimerais pouvoir patiner comme lui! »
L'anecdote du surnom fait aussi sourire Pascal Vincent. « Nous, on l'appelle The Beast », rigole l'entraîneur du Rocket. Il expliquera plus tard que le sobriquet vient des mots d'encouragement qu'il a l'habitude de relayer à Engström durant les entraînements. : « You gotta be a beast out there! ».
Mais Vincent retrouve son sérieux quand il se décide à parler du jeu de son flamboyant Scandinave.
« Je ne dirais pas qu'il donne un show, mais je dirais que dans les moments importants, he shows up. Pas qu'il lève son jeu d'un cran, mais il n'est pas intimidé par les moments importants. Lui, il veut faire des jeux, il veut la rondelle, il veut participer aux succès de l'équipe dans les moments importants. Et puis ça... ça t'amène dans le showtime parce que tu as cette mentalité, cette confiance d'y aller [quand ça compte]. ‘Embarque-moi sur la glace coach, la job va être faite'. Ça, ça ne s'enseigne pas. »
Il y a quelques jours, Vincent salivait en discutant du potentiel d'Engström : « Il est en train de se donner beaucoup de chances de jouer dans la Ligue nationale », disait-il en vantant la hauteur de son « plafond ».
Mais rien ne presse. Dans une autre conversation, l'entraîneur insistait sur l'importance de prendre son temps dans le processus de maturation des jeunes joueurs. Lindström, un choix de deuxième ronde des Red Wings de Detroit, admet lui-même qu'il aurait profité d'un peu plus de temps dans la Ligue américaine plutôt que de faire le grand saut à 21 ans.
Clairement, l'influence des deux hommes a fait son œuvre dans le discours d'Adam Engström.
« Chaque jour, je travaille pour atteindre ce but de jouer dans la LNH, mais j'essaie de ne pas trop y penser. Je veux juste continuer de gagner avec cette équipe. Je ne veux pas que ça arrête. »