Le Rocket offre un titre à sa « gang »
LAVAL – Trois options s'offraient au Rocket mercredi soir à la Place Bell.
La première, une victoire, et c'était dans la poche.
La deuxième, quoique moins glorieuse – un revers en bris d'égalité –, et c'était aussi réglé.
Puis, il y avait la troisième. Celle sur laquelle la formation lavalloise n'avait aucun contrôle. Une défaite des Bears de Hershey contre les Penguins de Wilkes-Barre/Scranton, et le club-école du Canadien officialisait son championnat de la saison régulière.
Le Rocket s'est prévalu de sa première alternative. Et vite à part ça.
Deux buts inscrits en moins d'une minute et demie par Florian Xhekaj et Xaxier Simoneau avant même la première pause publicitaire de la rencontre ont mis la table à un gain de 5-1.
Pour la première fois depuis 2002-2003, une filiale de la LAH associée au Canadien s'approprie ainsi le trophée Macgregor-Kilpatrick. À l'époque, les Bulldogs de Hamilton couvaient à la fois les espoirs du Tricolore et ceux des Oilers d'Edmonton.
Le dernier titre d'un club-école étant la propriété exclusive de l'organisation montréalaise remonte à celui des Canadiens de Fredericton en 1991-1992.
« On a une bonne équipe, mais on ne savait même pas si on allait faire les séries au début de la saison. On ne connaissait pas trop comment ça allait marcher, mais nos leaders ont fait un boulot extraordinaire », a souligné l'entraîneur-chef Pascal Vincent, fier d'avoir accompli l'exploit devant une autre salle comble de 10 243 spectateurs.
« Faire partie de tout ça, et surtout, moi qui suis un gars de Laval, de pouvoir partager ça avec la gang ce soir à la Place Bell, la gang étant les fans, c'est vraiment spécial. »
Cayden Primeau, qui a certes eu son mot à dire dans cette conquête, a repoussé 23 des 24 tirs des Senators, prolongeant à 13 sa série de départs sans revers en temps réglementaire.
En s'imposant, le Rocket a de plus éliminé les Senators des séries, un sort que lui avaient réservé ces mêmes Senators en fin de campagne l'an dernier.
« On a tellement travaillé fort, appréciait Simoneau après la rencontre. Je me rappelle, mes deux premières saisons, ça n'a jamais été facile. Puis cette année non plus, ça a été des hauts et des bas, mais avec l'équipe qu'on est aujourd'hui, je suis vraiment fier. Mais là, la vraie saison va commencer dans quelques jours. »
Les deux équipes se retrouveront samedi soir à Belleville, pour leur dernier match du calendrier.
Identité retrouvée
Mercredi soir, alors que le Rocket venait d'échouer à sa première de trois tentatives s'offrant à lui contre les Senators d'officialiser son titre, Pascal Vincent disait ne pas avoir reconnu sa troupe. Celle qui, avec un style direct de type nord-sud, a l'habitude de façonner ses chances de marquer.
Deux jours plus tard. Elle était de retour.
En convergeant vers le filet défendu par Leevi Meriläinen sans trop se poser de questions, Xhekaj s'est retrouvé à l'endroit parfait, à l'orée du demi-cercle, pour enfoncer du revers un retour de lancer de son coéquipier Gustav Lindström là où ça compte dès la 3e minute de jeu.
En se positionnant dans son bureau, c'est-à-dire le plus près possible du gardien adverse, Simoneau a ensuite profité de rebonds fortuits sur son coéquipier Jared Davidson et sur son patin droit pour doubler l'avance des siens moins de deux minutes plus tard.
L'infatigable québécois a ainsi inscrit son 5e but de la saison, et surtout, son premier depuis le 3 janvier. Une disette de 28 matchs.
« Ça fait du bien, honnêtement, de scorer des buts. J'en n'ai pas eu beaucoup cette année, mais c'est toujours le fun », a commenté le petit no 81, avant tout satisfait de la façon dont ses coéquipiers et lui ont renoué avec la recette de leurs succès.
« On a joué dans notre identité. L'échec-avant a été excellent aujourd'hui, et nos replis défensifs aussi. »
« Ce n'est pas une seule chose qui fait en sorte qu'on finit premier dans la ligue, c'est un paquet de petites affaires, a approuvé Vincent. […] Nos unités spéciales font bien depuis un bout de temps, les gardiens de but aussi. Et il y a notre capacité d'aller au filet, de créer des revirements par notre échec-avant, mais aussi de défendre. »
Avec un peu plus de finesse, le capitaine Lucas Condotta a ensuite permis au Rocket de se distancer un peu plus de ses rivaux en milieu de deuxième période, optant pour un puissant lancer des poignets sur un deux contre un, trompant Meriläinen dans la partie supérieure.
Sean Farrell, qui est devenu le sixième attaquant du Rocket à atteindre le plateau des 20 buts cette saison, un sommet dans le circuit, a porté un dur coup aux Sénateurs au dernier tiers. Tout un revirement de situation pour un joueur qui après les deux premiers mois de la saison, n'avait toujours pas brisé la glace.
« Je reviens de loin, a reconnu Farrell. Mon début de saison a été très cahoteux et j'ai fait mon possible pour m'en sortir. Je suis très reconnaissant de pouvoir jouer aux côtés de deux excellents joueurs. J'ai retrouvé la capacité de me retrouver aux bons endroits pour mettre la rondelle dans le filet. »
Le seul faux-pas de Primeau dans ce duel, survenu quelques instants plus tard sur un lancer d'Oskar Pettersson qu'il a laissé filer entre lui et le poteau à sa gauche, a été sans conséquence dans l'issue de cette rencontre. Un sacre qu'Alex Barré-Boulet a confirmé dans un filet désert.
Du repos pour sept joueurs
La troupe de Pascal Vincent se rendra maintenant à Belleville sans plusieurs de ses joueurs réguliers.
Le pilote lavallois a déjà annoncé dans son bilan d'après-match que sept d'entre eux, notamment David Reinbacher, ne monteraient pas à bord de l'autobus. Maintenant que le 72e et dernier match qui sera joué à Belleville est sans enjeu, il n'y a aucun risque à prendre. Des joueurs du circuit universitaires canadiens seront appelés en renfort, a-t-il révélé.
Vincent a par ailleurs bien tenté de convaincre son vétéran Tyler Wotherspoon de se reposer à la maison, mais il a essuyé un non catégorique.
C'est qu'en jouant demain, l'arrière de 32 ans deviendra le seul joueur du Rocket à avoir défendu les couleurs de l'équipe dans chacune des rencontres du calendrier 2024-2025.
« Je ne voulais pas l'amener, mais il m'a dit qu'il voulait jouer absolument. Il est vraiment fier de ça et j'ai tout le respect du monde pour quelqu'un comme ça. Même si je lui avais dit qu'il ne jouerait pas, il venait pareil. »
Un dévouement qui n'est certes pas étranger non plus à l'exploit que le Rocket vient d'accomplir.