Passer au contenu principal

Le besoin de résultat avant la sentimentalité chez le CF Montréal

Publié
Mise à jour

MONTRÉAL – Chaque année, les mêmes phrases préparées à l'avance refont surface quand le CF Montréal se prépare à affronter le Toronto FC. Des joueurs qui n'ont jamais vécu la rivalité entre les deux clubs parlent de l'importance d'honorer la rivalité entre les deux clubs. Le mot « derby », qui au soccer est utilisé pour décrire un affrontement entre des rivaux régionaux, est prononcé à gauche et à droite comme une clé qui devrait déverrouiller la fibre nostalgique des supporteurs.

On ne sent pas cette volonté de mousser un événement spécial, qu'elle soit sincère ou préfabriquée, à la veille du duel que les Bleus et les Rouges se livreront en lever de rideau du Championnat canadien.

Joel Waterman, qui prendra le terrain pour une dixième fois contre Toronto FC, a bien tenté de vendre l'affiche. Il a affirmé avoir sensibilisé ses nouveaux coéquipiers à la tumultueuse histoire qui existe entre les deux équipes. « On veut les battre, ça sera notre mentalité aujourd'hui et demain », a-t-il prononcé. On l'a déjà senti plus convaincant.

« Je pense que [la rivalité] est juste différente, a-t-il suggéré. Je ne crois pas qu'il y ait plus ou moins de haine qu'avant. C'est différent. Les joueurs changent, les enjeux aussi. Mais il y aura toujours [cette haine], ça ne partira jamais. Ça s'exprimait peut-être différemment à une autre époque, mais c'est encore là. Une rivalité est une rivalité, ça ne meurt jamais. »

Waterman disait espérer entendre, dans les rencontres d'équipes qui précéderaient le match de mercredi, les histoires de son entraîneur Marco Donadel. Dans sa carrière de joueur, l'ancien milieu de terrain est arrivé à Montréal au plus fort de la rivalité avec Toronto. Il a alimenté le brasier qu'était le Stade Saputo pendant deux mémorables journées d'automne en 2015. Un an plus tard, ses larmes se mélangeaient à celles d'un ciel inhospitalier dans un Stade BMO déchaîné.

Mais Donadel n'est pas d'humeur à tomber dans la sentimentalité ces temps-ci.

« Ce sont des souvenirs incroyables, mais ce sont des souvenirs. Je ne pense pas qu'ils sont très importants pour nous présentement », a lâché Donadel, qui n'a toujours pas connu la victoire (0-3-2) depuis qu'il a pris la barre de l'Impact sur une base intérimaire.  

« Je pense que tous les joueurs comprennent la situation et l'importance de ce match. Comme j'ai déjà dit, nous préparons les matchs pour gagner à chaque fois. On pousse vraiment au maximum et oui, le match contre Toronto est important. Il est important parce que c'est un derby, mais pour nous il l'est surtout surtout parce qu'on a besoin de vivre le sentiment d'une victoire. Toronto ou n'importe quelle autre équipe, ça n'a pas d'importance en ce moment. Mes souvenirs de nos batailles du passé, on s'en fout. »   

Il est vrai que le contexte ne se prête pas trop aux bravades effrontées et aux coups de paume sur l'écusson. Comment parler de l'importance de vaincre un adversaire en particulier quand on n'en a vaincu exactement aucun depuis le début de la saison?

Le CF Montréal est présentement coincé à l'intersection de l'impertinence et de l'apathie. Ses seules sources de réjouissance cette saison ont été trois matchs nuls dans lesquels il n'a marqué qu'un but. Les Montréalais n'ont d'ailleurs pas mis un ballon derrière un gardien adverse en 310 minutes. Ils ne l'ont fait que quatre fois, en dix matchs, cette saison.  

Cette vilaine séquence affecte bien évidemment Donadel, qui a souvent exprimé sa volonté non seulement d'aligner les succès, mais d'offrir un bon spectacle. En raison des progrès immédiats que son arrivée a provoqués dans le contenu, le nouvel entraîneur a reçu le bénéfice du doute depuis le début de son régime. Ce capital de sympathie en prendrait pour son rhume avec un élan dans le beurre à Toronto.

« Les gars sont ici pour travailler et nous ne voulons pas aller là-bas pour un 0-0 et aller aux tirs au but. Nous voulons gagner et prouver à tout le monde que nous sommes capables de jouer et de faire des buts et pas seulement faire des bonnes performances », a verbalisé l'entraîneur.

Toronto fait à peine mieux. Dans l'Association Est de la MLS, le CF Montréal est la seule équipe que le TFC peut regarder et se consoler. Il n'a que sept points à sa fiche et n'a marqué que quatre buts à ses huit derniers matchs. Ses partisans diront qu'ils ont au moins eu une victoire à célébrer. Ses détracteurs répliqueront qu'avec une masse salariale aussi élevée, il n'y a pas de quoi se vanter.

Mais les débats en tribunes sont le dernier des soucis de ceux qui franchissent la porte du vestiaire. Ceux-là ne pensent qu'au prochain match dans l'espoir qu'il soit celui qui laissera filtrer un petit rayon d'espoir dans un présent emboucané.

Waterman voit ce détour en Championnat canadien comme l'occasion de prendre la sortie vers la route de campagne et d'y faire une halte régénératrice avant de retourner mettre la gomme dans la voie de gauche de l'autoroute.

« Ça nous donne un peu de répit après ce dur début de saison et en plus il y a un trophée à gagner. Je suis un compétiteur et je sais que toute l'équipe aussi veut gagner. On va tout donner. On veut gagner un trophée pour ce club, retourner en Ligue des champions. On prend cette compétition très au sérieux et on est prêts à travailler pour la gagner. »

 

OSZAR »